Outre la certification des pêcheries, MSC travaille également à la labellisation des chaînes de distribution. Toute entreprise vendant des produits de la mer certifiés MSC se doit de faire contrôler par une partie indépendante que ses produits certifiés MSC ne sont pas mélangés à d'autres produits de la mer non contrôlés ou traçables. Pour ce faire, nous appliquons le Référentiel Chaîne de Garantie d’Origine MSC. Ainsi, la chaîne d'approvisionnement souvent complexe est impliquée dans le programme MSC, de la criée aux poissons jusqu'au bout de la chaîne où même les disrupteurs de chez Carrefour, par exemple, doivent indiquer clairement quel poisson est certifié MSC.
Prise de conscience marquée à l'égard des produits de la mer durables
Selon L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la surpêche a augmenté chaque année depuis les années 70, et plus d'un tiers des stocks de poissons de la planète sont désormais surexploités. L'augmentation de la population humaine mondiale exerce une pression immense sur les stocks de poissons. 3,3 milliards de personnes dépendent directement des produits de la mer pour leur principal apport en protéines. De ce fait, une gestion fiable et raisonnée des pêcheries s'impose indubitablement pour contrer ces risques.
La demande en produits de la mer durables augmente dans le monde entier, y compris en Belgique. Une étude menée par Globescan au printemps 2022 montre que près de 70 % des consommateurs de poisson belges estiment que le poisson ne devrait provenir que de sources durables. Il est donc tout à fait normal que les pêcheries travaillent de manière durable, mais cela exige des efforts certains.
La clef : une gestion durable
La gestion durable est la clef de la pêche durable. Une étude publiée dans la revue scientifique PNAS indique qu'il serait possible de capturer chaque années près de 16 millions de tonnes de plus de produits de la mer si tous les stocks de poissons étaient gérés de façon durable. Cela permettrait à 72 millions de personnes en plus de subvenir à leurs besoins quotidiens en protéines.
Du fait de la politique indépendante, de la transparence et de l'esprit participatif au cœur du programme MSC (entièrement conformément aux directives de l'ISEAL et de la FAO), la certification MSC est reconnue mondialement comme un indicateur de l'évolution et des progrès dans la concrétisation des objectifs de développement durable des Nations unies (Sustainable Development Goals - SDG14). Les SDG14, relatifs à la Vie aquatique, obligent les pays, à conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable.
Une bonne gestion passe par de bons accords et une coopération à long terme. Pour le thon, les défis sont extrêmement précis. Le thon ne se réduit pas à une seule espèce. Il existe de nombreuses variétés réparties dans de nombreuses différentes zones de pêche. Du fait de l'étendue de la zone de répartition des thons, 20 pays sont concernés par la ratification de conventions réglementant la capture.
Ces dernières années, le réchauffement climatique a également engendré un nouveau problème : les populations de poissons migrent vers des eaux plus septentrionales. Exemples : le cabillaud, mais aussi le maquereau. En conséquence, de plus en plus de pays tendent à exiger un plus grand quota (de poissons). En l'absence d'accords déterminés et précis, le maquereau est donc pêché actuellement jusqu'à plus de 40 % au-delà des recommandations des scientifiques. Cette espèce de poisson n'est donc plus certifiée MSC. Les pays doivent donc poursuivre leur coopération, même en cas d'évolution des circonstances, car un poisson ne connaît pas de frontières.
Le poisson de la mer du Nord est-il durable ?
« La durabilité des stocks de poissons de la mer du Nord est garantie », une affirmation simpliste souvent entendue. Il est certain qu'une majorité de sortes de produits de la mer reste équilibrée, mais il ne faut pas oublier que certaines espèces sont véritablement menacées. « En mer du Nord, le renouvellement de la population de cabillauds, à titre d'exemple, est confrontée à un risque majeur depuis l'introduction et l'application historiques d'une politique de surpêche. Les bars sauvages de la mer du Nord sont également une espèce très vulnérable et sont donc de plus en plus souvent élevés en pisciculture. »
Les captures accidentelles et les dommages causés aux fonds marins restent également un problème difficile à résoudre pour les pêcheries de la mer du Nord et dans d'autres mers. Il s'avère que « ce n'est qu'en protégeant la structure et la fonction du monde sous-marin que nous pourrons sauvegarder l'équilibre de nos écosystèmes marins ». Les écosystèmes sains sont des écosystèmes résilients. En particulier en mer du Nord, une zone maritime très fréquentée, certaines améliorations sont encore possibles.
Outre la santé et la vitalité des stocks de poissons, la norme référentielle de pêche MSC impose le respect de toute autre vie marine et de l'écosystème sous-marin, souvent sur la base de réglementations de grande envergure qui doivent être totalement transparentes et faire l'objet de rapports publics.
Tous les cinq ans, les critères appliqués dans les pêcheries sont affinés ou actualisés en fonction des nouvelles connaissances scientifiques et du retour d'informations provenant du programme MSC. Toutefois, les recherches montrent que les conditions de travail dans le secteur de la pêche laissent parfois à désirer. En 2019, les premiers critères régissant les conditions de travail ont été ajoutés aux critères d'évaluation du secteur.
Une mise à jour de la norme de pêche MSC sera donc introduite et appliquée au cours de l'année 2022. Les recherches et les analyses prennent en compte des critères tels que l'empreinte carbone des pêcheries ou le bien-être des animaux. S'il existe des méthodes d'évaluation non ambiguës qui bénéficient d'une écoute et d'un soutien mondiaux, il est possible que la norme MSC fixe également des critères concrets pour ces thèmes lors d'un prochain cycle de révision et réévaluation.