L’ONG Marine Stewardship Council (MSC) qui lutte contre la surpêche et pour la préservation des océans appelle à agir d’urgence dans l'Atlantique Nord-Est pour protéger ces stocks (ou « populations »)
de poissons essentiels, autant d’un point de vue écologique qu’économique. Ces populations sont surexploitées en raison d’échecs des gouvernements depuis plusieurs années à se mettre
d’accord sur des quotas de capture qui permettraient de préserver l'avenir de ces stocks de poissons.
Cet appel est soutenu par des enseignes de distribution agro-alimentaire et des entreprises de produits de la mer. Dans une
lettre ouverte aux ministres des États côtiers, envoyée le 27 septembre, un collectif de plus de 40 enseignes de distribution, d'entreprises agro-alimentaires et de fournisseurs
de ce secteur, dont Aldi, Labeyrie Fine Foods, Mowi, Groupe Gendreau, a demandé des actions concrètes pour la mise en place des stratégies de gestion de ces espèces sur le long terme. De nombreux signataires ont annoncé
qu'ils réévalueraient leurs politiques d'approvisionnement si des mesures durables n'étaient pas adoptées.
Des quotas de capture supérieurs aux avis scientifiques
Le Conseil International pour l'Exploration de la Mer (CIEM), qui fournit des avis scientifiques sur les limites de capture pour
une pêche durable, a publié de nouvelles données révélant qu’en 2021, les quotas cumulés de maquereau, de hareng atlanto-scandinave et de merlan bleu étaient de nouveau au-dessus des limites conseillées scientifiquement,
respectivement de 41 %, 35 % et 25 %. Ces limites sont fixées pour assurer la viabilité de ces stocks de poissons à long terme. Leur dépassement constant menace la santé de l'océan, mais aussi la situation
économique et les moyens de subsistance des populations qui en dépendent.
Rien qu'au cours des six dernières années, les analyses des données effectuées par l’ONG MSC montrent que le total des captures cumulées de maquereau, de hareng atlanto-scandinave et de merlan bleu a dépassé de 34 % les limites acceptables pour une pêche durable. Si les avis scientifiques avaient été suivis, plus de 4,8 millions de tonnes de poissons auraient donc pu être préservées.
Les stocks de poissons peuvent s'effondrer s'ils sont surexploités sur le long terme, comme dans le cas du hareng atlanto-scandinave dans les années 60, dont le stock ne s’est reconstitué qu’au bout de 20 ans.
Les données publiées par le CIEM indiquent une inquiétante tendance générale à la baisse pour ces trois stocks de poissons pélagiques au cours des dernières années. Celui du hareng
atlanto-scandinave, en particulier, a diminué de 36 % au cours de la dernière décennie.
L’absence d’accord de partage des quotas entre les nations menace la biodiversité marine et les communautés qui en dépendent
Cumulés, ces stocks de poissons pélagiques de l'Atlantique Nord-Est font partie des populations de poissons les plus abondantes d'Europe, et sont pêchés par des pays qui comptent parmi les plus riches du monde. Cependant,
il n'y a pas eu d'accord de partage de quotas pour le maquereau depuis plus de dix ans, ni pour le hareng depuis 2012, ni pour le merlan bleu depuis 2014. Bien au contraire, ces ressources naturelles partagées sont pêchées en fonction de quotas fixés unilatéralement par les différentes nations.
Ces quotas, lorsqu'ils sont cumulés, dépassent systématiquement les limites de capture conseillées par les scientifiques pour ces stocks.
Le MSC appelle les décideurs des pays pêcheurs de l'Atlantique Nord-Est à aboutir à un accord commun pour la gestion de ces stocks essentiels lors des prochaines réunions des États côtiers, prévues du 19 au 27 octobre 2021.
Cet accord doit être conforme aux nouveaux avis scientifiques sur les limites de capture pour 2022, publiés le 30 septembre par le CIEM. Si elles ne sont pas respectées, il pourrait y avoir des conséquences dévastatrices
pour ces espèces emblématiques, mais aussi pour la biodiversité océanique locale et les communautés de pêcheurs qui en dépendent.
« Les populations de poissons traversent de nombreuses zones de pêche internationales. Il est donc primordial que les principaux acteurs politiques signent des accords de partage des quotas afin de garantir qu'il reste suffisamment de poissons dans la mer pour que les stocks de poissons puissent se renouveler.” déclare
Hidde van Kersen, Directeur de Programme au Benelux. “Le changement climatique ne fait que renforcer l'urgence de cette tâche, car les stocks se déplacent à mesure que les océans se réchauffent. Nous demandons donc aux pays pêcheurs de mettre de côté leurs intérêts nationaux et de s’engager à adopter des mesures de gestion durable pour ces stocks lors de la prochaine réunion des États côtiers », poursuit-il.
« Une pêche durable et bien gérée permet non seulement de préserver la biodiversité des océans, mais offre également une meilleure résilience face au changement climatique ainsi qu’une plus grande sécurité économique. Les pêcheries ont bien sûr leur rôle à jouer, mais la coopération internationale est essentielle pour garantir à ces stocks une protection adéquate. Les gouvernements ont la responsabilité, vis-à-vis de leurs citoyens, de préserver nos océans pour les générations présentes et futures. »,
conclut-il.
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