Le Marine Stewardship Council (MSC) a publié cette semaine son Annuaire des Petits Pélagiques 2025, offrant des perspectives clés sur la pêche mondiale des espèces pélagiques de petite taille telles que le hareng, le maquereau, la sardine et l’anchois.
Les petits pélagiques jouent un rôle crucial dans les écosystèmes de nos océans, servant de principale source alimentaire pour de nombreuses espèces marines. Ils constituent également une ressource nutritionnelle essentielle pour l’alimentation humaine: leur combinaison de protéines et d’acides gras Omega-3 en fait une source précieuse pour la production d’aliments pour poissons ainsi que d’autres ingrédients marins. Ces espèces représentent le deuxième groupe le plus important au sein du programme MSC, avec plus de 3 millions de tonnes certifiées dans le monde en 2024, soit 12 % des captures totales de petits poissons pélagiques.
L’Annuaire met en lumière les défis auxquels sont confrontées ces espèces et propose une analyse complète du marché mondial des petits pélagiques, tout en illustrant les réussites de pêcheries certifiées.
Problématique dans l’Atlantique Nord-Est
Le hareng, le merlan bleu (ou : poutassou bleu) et le maquereau de l’Atlantique Nord-Est ont perdu leur label MSC. Ces espèces sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique, qui pousse leurs populations à migrer vers de nouvelles zones. Ces déplacements créent des tensions entre pays pêcheurs, entraînant des désaccords sur le partage des quotas. En conséquence, ces espèces ont vu leurs captures dépasser en moyenne de 31 % les recommandations scientifiques sur les sept dernières années.
Ces difficultés impactent la disponibilité sur le marché de poissons pélagiques certifiés, réduisant les options d’approvisionnement durable pour l’industrie comme pour les consommateurs. À long terme, cela représente une menace pour la disponibilité des matières premières, ce qui peut avoir des répercussions sur les prix et les volumes de production. Le programme MSC joue un rôle essentiel dans la réponse à ces enjeux, en encourageant la coopération internationale et la mise en place de pratiques de pêche durables.
La pêche au hareng de la mer du Nord : un exemple de durabilité
La pêche au hareng de la mer du Nord est l’une des rares à être toujours certifiée. Sa pertinence commerciale est d’autant plus forte depuis la suspension de la certification des pêcheries de hareng de l’Atlantique Nord-Est. Le hareng de la mer du Nord constitue désormais une source clé de hareng certifié MSC. Cette pêcherie a été certifiée pour la première fois en 2008 et figure parmi les plus anciennes au sein du programme MSC.
Malgré un passé marqué par une forte surexploitation, une gestion rigoureuse a permis d’améliorer durablement le stock reproducteur. L’engagement constant des pêcheurs en faveur de la durabilité a été confirmé par le renouvellement des certifications MSC en 2017 et en 2022.
Le chinchard du Chili : une réussite en matière de pêche durable
La pêcherie de chinchard du Chili (ou : saba du Chili, horsmakreel chilien) a connu une reprise et une croissance remarquables depuis son obtention de la certification MSC en 2019. La surexploitation des années 1990 avait conduit à l’effondrement du stock, mais la coopération internationale via l’Organisation régionale de gestion des pêches du Pacifique Sud (ORGP-PS / SP-RFMO) a permis une reconstitution durable. En 2023, les captures déclarées se sont élevées à 667 838 tonnes, témoignant du succès d’une gestion efficace.
Il s’agit désormais de la plus grande pêcherie certifiée d’Amérique latine, avec des volumes croissants exportés vers les marchés européens. Plusieurs acteurs du marché envisagent déjà de remplacer le maquereau de l’Atlantique par le chinchard du Chili dans leurs produits. Ce dernier présente une teneur en matières grasses plus faible, mais il est comparable au maquereau atlantique en termes de goût, de texture et de teneur en Omega-3.
Conclusion
L’Annuaire des Petits Pélagiques 2025 du MSC souligne l’importance des pêcheries durables ciblant les petits poissons pélagiques, ainsi que le rôle déterminant d’un marché mondial capable de reconnaître et de soutenir ces démarches. Les exemples uniques du hareng de la mer du Nord et du chinchard du Chili démontrent qu’une gestion responsable peut conduire à des populations halieutiques plus saines. Un marché qui offre aux consommateurs des choix durables est essentiel pour y parvenir.