Alors que l’UFC-Que Choisir publie aujourd’hui les résultats d’une enquête sur la pêche durable, et que les négociations sur les quotas européens sont en cours, le Marine Stewardship Council (MSC) souhaite apporter quelques précisions sur cet enjeu de taille, tant environnemental que de consommation, qui mérite une analyse scientifique rigoureuse et approfondie et des solutions concrètes et efficaces.
Les questions soulevées dans l’« Enquête sur la pêche durable, la grande distribution… reste en rade » d'UFC QUE CHOISIR sont primordiales, mais pour le MSC, il faut y répondre avec davantage de précisions. En étudiant uniquement trois espèces, qui ne totalisent qu’un quart des ventes de poissons sauvages frais en France cette étude ne reflète pas la réalité de la situation, qui est plus complexe que le fait de classer des techniques et des zones de pêche comme « durables » ou « non-durables ».
Toutes les techniques de pêche ont un impact sur l’environnement, mais le niveau d’impact dépend d’un ensemble de facteurs. Le niveau de durabilité d’une technique de pêche ne peut être jugé sans prendre en considération le contexte dans lequel elle est utilisée ; et notamment l’espèce visée, le type d’écosystème dans lequel la pêcherie opère (haute mer, lagunaire, estuarien, etc.), le type de fond, les mesures de gestions mises en place pour limiter ces impacts (taille des mailles, fermetures de zones à la pêche, fermeture de période, limites de captures, mesures sur la taille des engins).
Il est trompeur de réduire l’évaluation de la durabilité d’une pêcherie à l’étude de deux critères. Il ne s’agit pas uniquement de bannir telle ou telle espèce, zone de pêche ou tel ou tel engin de pêche, il faut pouvoir prouver scientifiquement que ces pratiques sont adaptées à l’environnement et efficaces pour préserver les ressources et les écosystèmes marins dans leur ensemble. Dans le programme MSC, cette analyse de la durabilité se fait à l’échelle d’une pêcherie qui se définit par une espèce cible, un engin de pêche et une zone géographique donnés. Cette échelle d’étude est primordiale et nous permet ainsi de pouvoir analyser ses impacts environnementaux et sa gestion de façon approfondie. La pêcherie doit remplir 28 critères et près de 100 sous-critères pour assurer que les stocks de poissons ciblés sur lesquels elle opère sont maintenus à des hauts niveaux de productivité et limiter l’impact sur l’écosystème au strict minimum en préservant les autres espèces, les habitats et écosystèmes marins. Elle doit mettre en place une gestion efficace et adaptative pour répondre aux lois et directives en vigueur et réagir de façon pertinente en cas de changement de l'état du stock. Après audit, ou phase d’évaluation menée par un organisme certificateur indépendant, accompagné d’experts scientifiques, la certification peut être accordée pour une durée de 5 ans avec révision annuelle et peut être retirée à tout moment.
Avec plus de 20 ans de recul, le travail des pêcheries certifiées MSC porte ses fruits au plan des espèces comme au plan des écosystèmes et de l’environnement. De la reconstitution de stocks de poissons dans la pêcherie de merlu d’Afrique du Sud, à la diminution de captures aviaires dans la pêcherie de légine aux îles Kerguelen en passant par la définition de règles de captures adaptatives pour le thon en Océan Indien et la diminution des impacts sur l’habitat marins en Nouvelle Zélande, les pêcheries certifiées MSC ont fait des progrès en améliorant leurs pratiques, leurs connaissances et leur gouvernance. Depuis 1997, 94% des pêcheries certifiées ont dû apporter au moins une amélioration de leurs pratiques. On dénombre ainsi plus de 1230 améliorations dans 296 pêcheries (Rapport sur les Impacts environnementaux du MSC, 2017), et beaucoup d’autres en cours de développement.
Alors que les négociations sur les quotas de pêche sont en cours à Bruxelles, l’étude d’UFC-Que Choisir permet néanmoins de mettre en avant des enjeux cruciaux et urgents sur lesquels le MSC s’engage depuis plus de 20 ans à travers son programme de certification et son label bleu sur les produits de la mer durables : la lutte contre la surpêche, la pêche durable, le respect des réglementations et un étiquetage clair des produits de la mer permettant aux consommateurs de faire des choix responsables.
17 décembre 2018