La Bretagne sud est le berceau historique de la pêche à la sardine en France. Pratiquée depuis la fin du 19ème siècle, cette pêche a eu un rôle essentiel dans la structuration économique et sociale de la façade. Aujourd’hui, la Bretagne représente environ 80% des débarquements français de sardine. Rien d'étonnant donc à ce que la pêcherie de sardine de Bretagne Sud fut la première pêcherie française à se lancer en évaluation MSC en février 2009, afin de prouver sa gestion respectueuse de la ressource (elle fut certifiée en août 2010, puis recertifiée en janvier 2017). Son histoire en fait un cas exemplaire d’une véritable démarche de progrès, à travers la certification MSC.
Un poisson très convoité,une durabilité exigée
La sardine est une espèce pélagique d’une importance écologique particulière car elle se situe à la base de la chaine alimentaire marine. En France, la pêche se pratique essentiellement à la senne tournante, appelée bolinche en Bretagne, durant l'été, lorsque les sardines migrent en banc du large vers la côte, et la nuit lorsque elles remontent vers la surface pour se nourrir de plancton. C'est un poisson peu cher et très consommé en France (1 ménage sur 2 a acheté une conserve de sardine en 2016) mais aussi dans toute l’Europe (notamment en Allemagne, au Royaume-Uni, en Suisse et en Espagne). Elle se consomme essentiellement en conserve, qui reste le marché principal, et de plus en plus en frais.
Pour répondre à cette demande, la France, l’Espagne et le Portugal sont les principaux pays européens pêcheurs de sardine en Atlantique Nord Est. La sardine n'est pas soumise aux quotas européens et les efforts de pêche de ces trois pays se répartissent historiquement sur deux populations distinctes: les pêcheurs espagnols et portugais pêchent sur le stock de sardine Ibérique/Sud, tandis que les pêcheurs français pêchent sur le stock distinct Nord/Golfe de Gascogne, avec l’Angleterre. Mais depuis peu, cette répartition a changé imposant d’assurer par une gestion commune mutlinationale la préservation de la ressource.
Adaptation et concertation, maîtres-mots d'une gestion durable de la sardine
En 2010, au moment de l’obtention de la première certification MSC par la pêcherie de Bretagne sud, elle prélevait environ 90% des volumes pêchés sur le stock Nord/Golfe de Gascogne de sardine. Les pêcheurs bretons avaient mis en place diverses règles de gestion comme des quotas journaliers, un nombre de licences limité ou la fermeture de zones de pêche qui étaient alors suffisantes pour maîtriser l’effort de pêche global et assurer la bonne santé de ce stock.
Entre 2012 et 2014, le stock Ibérique/Sud sur lequel pêchaient les espagnols s’est effondré et la pêcherie certifiée MSC sur ce stock a perdu sa certification. Les espagnols ont alors reporté leur effort de pêche dès 2014 sur le stock Nord/Golfe de Gascogne, qui lui est en bonne santé. Au moment de la réévaluation MSC de la pêcherie de sardine de Bretagne Sud, l'organisme de certification a dû prendre en compte ce changement. Alors que le stock se porte bien, qu'il se situe à des niveaux historiquement hauts et que les captures sont à des niveaux durables, les auditeurs et experts émettent des inquiétudes sur l’absence de mécanisme pour contrôler cette augmentation de capture et assurer que les captures communes françaises et espagnoles ne mettent pas en danger le stock à l’avenir.
Dès 2016, dans le cadre de la certification MSC et avec le soutien de nombreuses entreprises de produits de la mer comme Chancerelle, les pêcheurs français, espagnols et anglais se mobilisent et des discussions sont entamées. Des réunions ont lieu à plusieurs reprises et aboutissent à un accord en Juin 2016 sur des mesures de gestion collectives adaptives pour assurer la pérennité du stock dans les années à venir.