Le 7 décembre dernier, la pêcherie de coquille Saint-Jacques à la drague de la baie de Saint-Brieuc a obtenu la certification environnementale de l’ONG MSC pour sa gestion raisonnée des ressources marines suite à une évaluation d'un an menée par l’organisme de certification Global Trust. Il s’agit de la première pêcherie de coquille Saint-Jacques certifiée en France et « officialisée » ce matin à Saint-Quay-Portrieux.
« Nous félicitons le Comité Départemental des Pêches Maritimes et des Elevages Marins des Côtes d’Armor pour l’obtention de la certification MSC ; elle vient récompenser les efforts des pêcheurs entrepris depuis de nombreuses années pour préserver la ressource. » souligne Amélie Navarre, Directrice Générale du MSC France.
« Le cahier des charges environnemental du MSC est exigeant. Trois experts scientifiques ont évalué pendant un an la pêcherie sur la base de 28 critères et plus de 100 éléments de notation. La certification MSC reconnaît, que le stock de coquille Saint-Jacques sur lequel elle opère est en bon état, que l’impact de la pêcherie est minimisé et qu’elle est gérée efficacement pour assurer sa durabilité sur le long terme. » complète Caroline Gamblin, Responsable Pêcheries du MSC France.
Des pêcheurs engagés depuis des décennies pour préserver la ressource
Surnommée “Reine de la Baie”, la coquille Saint-Jacques est une ressource clé pour les Côtes-d’Armor. Avec 50% de la production nationale, la baie de Saint-Brieuc représente le deuxième plus grand gisement de coquilles Saint-Jacques en France. Cette espèce est une activité essentielle dans la vie maritime des Côtes d’Armor (12,5M d’euros de chiffre d’affaires dans les criées des Côtes D’Armor en 2019). Sa préservation est donc capitale pour les pêcheurs locaux, qui se sont engagés depuis des années dans une gestion précautionneuse de la ressource.
Menacée durant les années 70, la coquille Saint-Jacques était soumise à un effort de pêche trop important qui limitait le renouvellement de la population. Dès 1973, les pêcheurs costarmoricains ont été à l’initiative de la création du cadre réglementaire encadrant la pêche. Ils ont ainsi mis en place des mesures restrictives sur la pêcherie et ont financé des études scientifiques pour améliorer la durabilité de leurs pratiques.
Ces mesures incluent :
- Une saison de pêche restreinte d’octobre à avril, en dehors de la période de reproduction de la coquille Saint-Jacques
- Un quota de pêche maximum par saison préconisé par les scientifiques
- Un niveau de débarquement maximum par navire et par jour de pêche
- Une taille minimale de débarquement
Un engin de pêche avec des anneaux de drague sélectifs de 97mm
La durabilité est ainsi au coeur de la démarche de la pêcherie depuis des décennies.
“Cet écolabel est pour nous une reconnaissance de la gestion exemplaire qui est menée depuis près de 50 ans et des efforts que la profession s’impose pour que cette pêcherie emblématique persiste. C’est la prise de conscience précoce des professionnels, soutenue par les études menées sur la ressource et des partenariats avec les scientifiques et les services de l’état qui, depuis les années 1970, ont permis d’assurer la pérennité de l’espèce et de la pêcherie.” déclare Grégory Métayer, Président du Comité Départemental des Pêches Maritimes et des Elevages Marins des Côtes d’Armor (CDPMEM22).
Une collaboration continue avec les scientifiques pour suivre l’état de la ressource
L’IFREMER étudie le stock de coquille Saint-Jacques de la baie de Saint Brieuc depuis plus de 40 ans et dispose d'une longue série d'informations sur la biomasse, la distribution ou bien encore la fréquence des tailles et des âges qui lui permettent de déduire des modèles et des tendances à plus long terme sur la population. Grâce aux mesures mises en place par les pêcheurs, le stock de coquille Saint-Jacques s’est peu à peu reconstitué pour atteindre aujourd’hui des niveaux historiques. En 2022, la biomasse totale tous âges confondus dépasse les 87 700 tonnes, en augmentation de 19% par rapport à 2021 qui était pourtant l’année record depuis 61 ans.
« Le stock de coquilles Saint-Jacques de la baie de Saint-Brieuc a connu de fortes fluctuations d'abondance au cours des six dernières décennies. Ces trois dernières années, entre 2020 et 2022 des records d'abondance ont été battus grâce à la synergie de différents facteurs : recrutements exceptionnels liés à des conditions hydro-climatiques propices, politique de reliquat et amélioration notable de la sélectivité. Le partenariat scientifiques-professionnels sur cette ressource fonctionne en synergie exemplaire depuis un demi-siècle. L'Ifremer met à disposition une campagne annuelle d'évaluation directe de l'abondance du stock. Il s'agit de la plus ancienne campagne halieutique française. Ces observations directes en mer sont couplées à un échantillonnage biologique en criée, assuré auparavant par l'Ifremer et actuellement par le Comité des Pêches dans le cadre du partenariat. La combinaison de ces sources d'information permet de se projeter sur trois années de gestion et d'exploitation du stock, une situation inédite en France. » explique Spyros Fifas, chercheur à l'Ifremer.
Une certification qui incite aux progrès
L’amélioration continue des pratiques étant au cœur de la démarche MSC, les pêcheurs se sont engagés à poursuivre leurs efforts, notamment pour s’assurer que leur impact sur l’environnement marin est minimisé. Afin de conserver leur certification, la pêcherie a ainsi mis en place un plan d’action pour collecter des informations complémentaires sur certains écosystèmes marins. Elle sera ainsi amenée à prendre des mesures réglementaires si nécessaire pour limiter les risques associés à la pêche sur un habitat particulier appelé le maërl (le terme de « maërl » désigne des accumulations d'algues rouges calcaires vivant librement sur des fonds sableux ou vaseux).
« La certification MSC va ainsi inciter les pêcheurs à améliorer davantage leurs pratiques pour atteindre des niveaux encore plus élevés de durabilité. » déclare Amélie Navarre, Directrice Générale du MSC.
Cette certification est un projet fédérateur qui réunit tous les maillons de la filière Coquille Saint-Jacques des Côtes d’Armor. Producteurs (CDPMEM, Organisations de Producteurs), premiers ache-teurs et transformateurs participent au changement pour un marché des produits de la mer plus du-rable. De nouvelles opportunités devraient naitre de cette collaboration. La France est aujourd’hui le 2ième marché pour les produits MSC au niveau mondial.
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À propos du Marine Stewardship Council (MSC)
Créé en 1997 par WWF et Unilever, le Marine Stewardship Council (MSC) est une ONG internationale à but non lucratif engagée pour la préservation des océans. Face à la surpêche, le MSC agit pour un équilibre entre préservation de la biodiversité marine et approvisionnements en produits de la mer pour l’avenir, grâce à un programme d’écocertification qui garantit une pêche durable et respectueuse de l’environnement. Le MSC sensibilise les pêcheurs, citoyens, entreprises de produits de la mer, coopératives, gouvernements, etc. à la durabilité dans le monde. Son Fonds d’Appui à la Pêche Durable favorise l’émergence de projets scientifiques, notamment dans la pêche artisanale et les pays en voie de développement. À ce jour, plus de 500 pêcheries dans 59 pays sont certifiées (en France, 13 pêcheries certifiées) et plus de 20 000 produits de la mer dans le monde sont écolabellisés (en France, plus de 2000). Suivez-nous sur Twitter, LinkedIn, Instagram, Facebook et découvrez nos actualités sur www.msc.org/fr.
À propos du CDPMEM22
Le Comité Départemental des Pêches Maritimes et des Elevages Marins des Côtes d’Armor, basé à Pordic, Paimpol et Erquy, est une organisation professionnelle de droit privé exerçant des missions de service public. En sont obligatoirement membres tous les pêcheurs professionnels ayant un navire immatriculé dans l’un des quartiers maritimes du département ou ayant une entreprise de pêche ou ayant un élevage marin.
À propos de la pêcherie