Les pêcheries de cabillaud certifiées MSC pêche durable en Mer du Nord vont perdre leur certification en raison d’une chute importante des stocks de cabillaud sous des niveaux de sécurité biologique. La suspension des certifications affectera toutes les pêcheries MSC opérant sur le stock de cabillaud en mer du Nord.
Le dernier avis scientifique a mis en évidence une nouvelle analyse de l’état du stock de cabillaud en mer du Nord, que l'on croyait auparavant en bonne santé. Les causes du déclin du stock ne sont pas claires, mais les scientifiques suggèrent qu'il pourrait être dû à des facteurs tels que le réchauffement des eaux - dû au changement climatique - et la diminution du nombre de jeunes cabillauds parvenant à l'âge adulte au cours des deux dernières années. Ce déclin s'est produit malgré les initiatives des pêcheries d’éviter activement la capture de poissons juvéniles, qui sont essentiels au cycle de reproduction et à la santé générale du stock. Ils ont principalement amélioré la sélectivité de la pêche et évité les frayères, des améliorations qui ont joué un rôle déterminant dans l’obtention de la certification MSC en 2017.
Erin Priddle, Directrice Royaume-Uni et Irlande pour le MSC explique : « Le déclin du stock de cabillaud en mer du Nord est inquiétant, les dernières modélisations de stocks suggèrent que la pêcherie ne s'est pas rétablie aussi bien que prévu.
Le programme MSC reconnaît et récompense les pêcheries durables tout en suivant leurs évolutions dans le temps.. Sur cette pêcherie, les auditeurs indépendants ont examiné les derniers avis scientifiques et ont conclu que cette baisse du stock - en dessous du niveau biologique de sécurité - , associée à des manquements dans la gestion de la pêcherie et des recommandations drastiques de baisse de quotas signifient que les pêcheries de cabillaud en mer du Nord ne répondent plus aux exigences du MSC.
Bien que cette nouvelle soit dévastatrice pour le secteur, elle témoigne du fait que le Référentiel Pêcheries fonctionne comme il le devrait. Il aide à détecter les menaces qui pèsent sur la durabilité des stocks, comme c'est le cas pour le cabillaud en mer du Nord. Il est impératif que le secteur travaille en collaboration avec les gestionnaires des pêches, les ONG et l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement en produits de la mer pour mettre en place des mesures efficaces qui permettront à ces pêcheries d'obtenir à nouveau la certification. Aujourd'hui, plus que jamais, nous avons besoin de coordination et de coopération pour préserver la biodiversité marine et garantir un océan vivant pour le futur.»
Une réaction engagée du secteur
Le secteur de la pêche écossais s'est engagé dans un projet quinquennal d’amélioration de pêcherie pour restaurer l’état du stock à des niveaux soutenables.
Mike Park, président du Scottish Fisheries Sustainable Accreditation Group, explique : « Le secteur est préoccupé par le fait que, malgré tous ses efforts pour continuer à reconstituer les stocks de cabillaud en mer du Nord, des évolutions du stock ont lieu et semblent indépendantes de leur volonté. Cela dit, ils se sont engagés à introduire des mesures équilibrées et proportionnées afin de tenter d'inverser la tendance de la baisse du stock. Nous travaillerons en étroite collaboration avec les gestionnaires pour veiller à ce que ces mesures s'appliquent à tous les navires opérant dans le cadre de la pêche démersale mixte. »
Le cabillaud en mer du Nord : une histoire mouvementée
L'annonce d'aujourd'hui s’ajoute à l’histoire agitée de la pêche au cabillaud en mer du Nord.
Les stocks de cabillaud en mer du Nord ont atteint leur pic de production dans les années 1970 avec 270 000 tonnes, lorsque ce poisson emblématique a été largement vendu et apprécié. Toutefois, le stock est tombé à seulement 44 000 tonnes en 2006.
L'industrie a travaillé en étroite collaboration avec les gouvernements écossais et britannique pour mettre en œuvre une série de mesures - connues sous le nom de "plan de reconstitution des stocks de cabillaud" - conçues pour aider à rétablir la santé des stocks.
Ce plan liait les mesures de conservation au nombre de jours de pêche accordés aux bateaux. Le plan visait à réduire les captures de cabillaud de 25 % en 2009, puis de 10 % par an dans les années suivantes. En réponse, le secteur de la pêche écossais a fermé des zones à la pêche, où se situaient des frayères, a testé de nouveaux filets et un système de surveillance électronique à distance utilisant des caméras de vidéosurveillance à bord des bateaux.
En 2017, les pêcheries ont été certifiées MSC et le stock a atteint 152 207 tonnes, son niveau le plus élevé depuis 1982. De plus, on prévoyait que les stocks atteindraient 180 990 tonnes en 2018, soit le niveau le plus élevé depuis 1975.
Malheureusement, l'avis du CIEM de 2018 comprenait une estimation de stock beaucoup plus faible, une tendance qui s'est poursuivie, les derniers avis faisant état d'un stock de seulement 81 224 tonnes, ce qui est inférieur au niveau biologique de sécurité du stock et le met en danger accru d’effondrement. Le secteur de la pêche travaillera désormais collectivement à la reconstitution du stock au cours des cinq prochaines années.
Impact du changement climatique
Aujourd’hui même, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) publie un rapport historique sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique. Le rapport vient s'ajouter aux preuves de plus en plus nombreuses de l'impact significatif que le changement climatique a sur la répartition et la santé des stocks de poissons. Pour s'adapter au changement climatique, il est plus urgent que jamais de tendre vers une gestion durable des pêcheries.
Erin Priddle ajoute : « Les océans sont un écosystème dynamique et en constante évolution. Toutefois, les changements qui bouleversent l'environnement marin s'accélèrent sous l'effet des impacts du changement climatique et continueront de présenter des défis importants pour parvenir à une pêche durable dans le monde. Mais nous pouvons encore trouver des moyens d'adapter la gestion des pêcheries et les pratiques de pêche pour garantir une pêche durable. À l'avenir, il sera essentiel d'approfondir notre compréhension du réchauffement des mers dans les zones de pêche notamment, ainsi que d'améliorer nos connaissances scientifiques et la surveillance nécessaires pour assurer des pêcheries durables dans le monde entier. Pour les pêcheries de cabillaud en mer du Nord, nous nous réjouissons de voir les futures améliorations qui seront apportées sur une meilleure connaissance scientifique et un meilleur contrôle des pêches. Il nous tarde de travailler avec le secteur de la pêche à l'élaboration de leurs plans d’action pour restaurer ce stock précieux sur le plan écologique et social. »
FIN
Les pêcheries concernées sont :
- DFPO Danemark mer du Nord et Skagerrak cabillaud et lieu noir
- Norvège mer du Nord démersal
- Cabillaud en mer du Nord du Scottish Fisheries Sustainable Accreditation Group (SFSAG)